mercredi 15 août 2007

Loki écoute en rotation permanente ... Lil Wayne.


Pour foutre le feu y'a pas qu'l'essence
(copyright Lunatic)


Y'a aussi Lil Wayne, le rappeur qui fait "shhhhhhhhiii" quand on pose le doigt dessus! Tellement bouillant que son nom suffit à enflammer n'importe quel titre. La liste de ses dernières collaborations est plus longue que celle des candidats au grand voyage prévue par Hortefeux (un doigt pour lui). Kelly Rowland, DJ Khaled, Robin Thicke, Ja Rule, Fat Joe, DJ Unk, Nelly Furtado, David Banner, Kayne West et tant d'autres ont fait appel à ses services. Pas un seul remix sans que celui qu'on appelle Weezy n'y pose une voix plus écorchée que le visage de Castor Troy dans Volte Face. A chaque fois, le résultat est le même: buzz incandescent, ventes décuplées.

Dwayne Michael Carter est né en 1982, les deux pieds dans la merde avant même de savoir marcher. Hollygrove, quartier le plus pourri de la Nouvelle Orléans. A l'échelle de la planète, ça te place sans doute quelques échelons au dessus des pires bourbiers noirs africains, mais guère plus haut. Fils unique, fils seul. Père lointain, bientôt mort. A onze piges, Wayne n'a déjà qu'une seule obsession: le rap. Il écoute en boucle les productions du label Cash Money, le plus célèbre de la ville, tenu par une certain Brian Williams, également appelé Baby ou Birdman. Lors d'une séance de dédicace, le gamin lâche un méchant freestyle à la gueule du boss. Postillons dans la face. Choc. Williams lui propose une formation accélérée. Wayne quitte le domicile familial et suit la troupe Cash Money sur les routes. Il passera quasiment toute son adolescence dans le bus du label, entouré des stars de l'époque : Pimp Daddy, Lil Slim ou encore UNLV. Il est à peine pubère et respire à pleins poumons les volutes d'herbes, les odeurs d'alcool et les fragrances de chattes des groupies qui défilent dans le véhicule. Belle jeunesse. Conséquence: il s'offre un rejeton dès ses 16 ans. En 1997, il intègre le groupe Hot Boys avec, notamment, Juvenile. Le succès est important, le groupe explose rapidement. Lil Wayne tatonne encore, se cherche, mais fait déjà preuve d'une aptitude impressionnante à débiter des punchlines hyper percutantes. Au fil de ses collaborations et de ses sorties solos, son style s'affine. Sa voix, éraillée par les multiples excès, griffe le beat, roule dans les graves, grince dans les aigus. Il devient maitre du freestyle et de l'égotrip. Ses textes bourrés de métaphores totalement allumées emportent très haut l'auditeur.

Son second solo, Tha Carter II, sorti en 2005, s'est vendu dans les rues comme des p'tits pains de shit. Et il comporte certaines des plus grosses tueries que le rap ait livré ces dernières années: Hustler Musik, Fireman, Money on my mind, pour ne citer qu'eux. Depuis, il n'a cessé de progresser. Installé à Miami après le passage de Katrina sur la Nouvelle Orléans, Weezy ne sort quasiment plus de chez lui, couvre son corps de tatouages insensés (deux larmes sous les yeux et l'hallucinant "I Fear God" sur les paupières), se gave de substances abrasives, enregistre morceau sur morceau et pousse ses qualités rapologiques à un autre niveau. Un niveau jamais atteint? Peut être bien. Lorsqu'on lui parle de vacances, Young Money (l'un de ses nombreux surnoms) lache un rire glaçant: "Des vacances? Mais ce sont des putains de vacances! Je suis là dans cette superbe baraque, je me lève la nuit, j'enregistre deux trois bombes, je me défonce, je me fais sucer et puis je retourne au studio. Où tu veux que j'aille?!" Sa dernière mix tape (Da Drought is over, à se procurer absolument) a livré quelques indices sur la suite de sa carrière. Et c'est tout bonnement impressionnant. Prostitute Flange, balade amoureuse trash et déglinguée ("je t'aimerais même si t'étais une pute") est sans doute l'un des titres les plus étonnants entendus ces derniers mois. Lil Wayne chante quasiment, la voix agrippée à la mélodie dans des intonations faisant songer à un Prince dont on aurait gratté les cordes vocales à la lame de rasoir. I Feel like dying, hymne à la défonce, fait planer de 0 à 3000 dès les première rimes : "I am sittin on the clouds / I got smoke coming from my seats / I can play basketball with the moon / I got the whole world at my feet / Only once the drugs are done / Den I feel like dying, I feel like dying...." Et La La La a des évidentes effluves de Hard Knock Life de Jay Z, version New Orleans. Et d'ailleurs la comparaison n'est pas fortuite. Weezy se proclame à longueur de morceaux "Best rapper alive". Et son talent devrait effectivement lui assurer une dynastie de succès à la Jay Z, Nas, Biggie, Eminem ou 50 Cent.

Reste à assurer la suite. Dans son bunker bling-bling de Miami, Weezy prépare l'album le plus attendu par les b-boys du monde entier. Kayne West, entre autres, est prévu derrière les manettes. Un premier morceau vient d'ailleurs tout juste de sortir des fourneaux volcaniques des deux rappeurs : Barry Bonds. Annoncé pour 2008, Tha Carter III devrait poser les serres aiguisées du flow de Lil Wayne sur les hits parades mondiaux. Il prévoit d'ors et déjà d'en écouler 5 millions de copies. Présomptueux? Pas sur. Il vient de faire la couverture du prestigieux Fader et le cultissime XXL l'a choisi pour célébrer son dixième anniversaire. Sondée par MTV, l'ensemble de la communauté hip-hop, des rappeurs aux producteurs en passant par les journalistes, vient de lui remettre la couronne qu'il revendiquait depuis ses 14 ans: celle du "meilleur rappeur vivant". A la remise de la distinction, Weezy s'est exclamé: "Ca fait dix piges que je vous le dis les mecs! Mais vous n'écoutez pas..." Lil Wayne est déjà le roi, solidement installé au sommet de ce rap jeu, dans un trône posé sur les nuages. Icare rapologique, il finira bien par se brûler la langue à trop vouloir lécher le cul du soleil. Il le sait et s'en fout : "I'm at the the top of the top, but still I climb / And if i shall ever fall the ground will then turn to wine." Jolie chute...

Vidéos:

Show me what you got, capté en concert et en studio. L'occasion d'admirer la souplesse du flow.



Monstrueux freestyle sur Rap City:


Hustler Musik. Classik!


L'excellent remix de Maket it Rain, titre de Fat Joe dont le succès est essentiellement du à Weezy, auteur du refrain et d'un couplet ravageur où les métaphores pleuvent drues sur le beat. L'occasion de retrouver un R Kelly au sommet de sa forme en pimp classieux et pourtant tellement crado.


9 MM, produit par David Banner. Même Akon passe bien sur cette balle.


Shooter, avec Robin Thicke.


Duffle Bag Boy, son dernier titre clipé, avec Playas Circle. Il fait le refrain. Et ça sauve le titre.