mardi 15 avril 2008
Loki est bien un Panaméen
De Paname à Panama. Une lettre et 8 500 kilomètres. Un océan, un continent, un monde.
Loki a posé ses pieds entre les deux Amériques. Panama, pays tranché en tous sens. Géographiquement, tailladé par son canal, une saignée trouant la terre dans laquelle plus de 20 000 hommes ont trouvé la mort, fauchés par la fièvre jaune, la malaria ou les conditions de travail infernales. Ils se sont couchés dans le lit du canal, avant que ne coule sur leurs corps une eau claire joignant deux océans. Monde plus petit depuis.
Panama, pays tranché. Socialement, barios contre buildings rutilants. Les tours jaillissent de la terre comme des champignons après une pluie de dollars. C'est l'eau du canal qui se déverse du ciel en billets verts depuis que les Américains ont rendu leur bien aux Panaméens. Jusqu'en 2000, la voie interocéanique appartenait aux USA. De chaque côté, une bande de terre transformée en No Man's Land militaire. Un état dans l'état. En 63, des étudiants Panaméens tentent de hisser leur drapeau aux côtés de la bannière US, conformément à un accord signé entre les présidents des deux pays. Réponse américaine: les balles. 21 morts, 500 blessés.
Avant la rétrocession, le canal ne rapportait que 2 millions de dollars par an à l'état. Depuis qu'il est géré par le Panama, il en déverse 2 milliards chaque année sur le pays! Un flow qui, pour l'instant, n'infiltre que les couches les plus hautes d'une société qui a encore les pieds embourbés dans le tiers monde. Près de 30% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Pour l'instant, les Panaméens construisent des tours éclatantes qui caressent le ciel, mais ils ne sont pas près d'y habiter. Ce sont les retraités nord Américains qui viendront y couler des jours paisibles, attirés par une fiscalité très souple et peu regardante sur la provenance des liquidités. Argent sale ou propre, tout circule sur l'isthme pourvu que la misère choisisse, elle, un autre chemin.
Panama, pays tranché. Nature sauvage contre modernité. Quelques mètres en dehors de la cité, c'est déjà la jungle. Dense et dansante. Elle règne encore sur la terre, vierge effarouchée qui se refuse au béton. Neuf tribus indiennes se partagent son territoire. Des Emberas aux Kunas. Dans une contrée où l'on ne fait que passer ou mourir, ils sont la culture, le terroir, l'histoire. Respectés, comme nulle part ailleurs. Le président du congrès est l'un d'entre eux. Panama a payé pour son passé. On ne tranche pas un pays sans le blesser...
Loki a ouvert les yeux et les oreilles. Images (clique pour les agrandir):
Et son, avec Ruben Blades, le plus illustre des chanteurs Panaméens. Gilberto Gil du Panama, il est minstre du tourisme du pays sous le gouvernement Torrijos, fils de celui qui négocia la rétrocession du canal avec Jimmy Carter en 1977. Son magnifique Patria est considéré par de nombreux Panaméens comme le second hymne national. Dans cette video, il chante avec Robi Draco Rosa, autre star locale:
Puis Kafu Banton, qui chante les ghettos de Colon, deuxième ville du pays, située à l'entrée Atlantique du canal:
Enorme dédicace à JP, lecteur fidèle et soutien inconditionnel.
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2 commentaires:
Je n'étais pas venu depuis un bon moment sur ton blog. Je trouve que ton style est devenu carrément génial! Bravo!
Merci pour ce commentaire Clémence, ça fait toujours très plaisir d'avoir quelques lecteurs enthousiastes. J'espère que tout se passe bien pour toi. A bientôt sur la toile ou ailleurs.
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